La suspension de trois ONG et l’interdiction de deux autres au Cameroun a provoqué une vague d’indignation parmi les défenseurs des droits humains ce 7 décembre 2024 à Yaoundé. Les entités touchées comprennent deux organisations affiliées au Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac), l’Association charitable socio-culturelle du Cameroun et l’ONG Reach Out Cameroon, basée à Buea, dans le sud-ouest du pays.
Paul Atanga Nji, le Ministre de l’Administration territoriale du Cameroun, a justifié ces mesures en évoquant des soupçons de « financements illicites », de « blanchiment de capitaux » et de « financement du terrorisme ». Selon lui, ces actions sont nécessaires pour préserver la sécurité et l’intégrité du pays.
Face à cette situation, le Redhac a immédiatement mis en place une cellule de crise pour répondre à ce qu’il perçoit comme une attaque directe contre la liberté d’association. Cyrille Rolande Béchon, directrice exécutive de l’ONG Nouveaux droits de l’homme au Cameroun, qui coordonne cette cellule, a exprimé son choc et son désarroi : « On est bouleversés. Il n’y a pas longtemps, on parlait encore des questions d’examen périodique universel, des questions de comité contre la torture, des questions de la situation des droits humains au Cameroun avec le gouvernement camerounais. Donc, c’est curieux pour nous. Mais après, on n’est pas tout à fait surpris, parce que c’est depuis 2014 au Cameroun que l’on vit sous les soubresauts de l’administration territoriale et ces tentatives récurrentes de faire taire les défenseurs de droits humains. »
Elle dénonce également l’absence de fondement juridique de cette décision : « Cette décision n’a aucun fondement juridique. Ça n’a vraiment pas de raison d’être. Nous nous organisons pour réagir. Nous avions prévu des activités pour le 10 décembre, nous comptons les maintenir. Nous serons sur le terrain à partir de demain pour que les organisations soient toutes ensemble en solidarité au Redhac pour décrier, dénoncer cette décision et appeler à la protection des défenseurs des droits humains au Cameroun. »
La réaction des défenseurs des droits humains ne s’est pas fait attendre. Une mobilisation est prévue pour demain, visant à montrer la solidarité entre les différentes organisations et à dénoncer ce qu’ils considèrent comme une atteinte grave à la liberté d’association et aux droits humains. Cette crise met en lumière les défis auxquels sont confrontées les ONG dans un contexte de répression croissante.
Le Réseau des droits humains en Afrique centrale (Redhac) est une organisation régionale qui œuvre pour la promotion et la protection des droits humains. L’Association charitable socio-culturelle du Cameroun et Reach Out Cameroon, visées par ces sanctions, sont également des acteurs clés dans la défense des droits humains et le développement communautaire.
Les allégations de financements illicites, de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme avancées par le ministre Paul Atanga Nji ont été vivement contestées par les ONG concernées et leurs soutiens, qui y voient une tentative de réduire au silence les voix critiques.
Les défenseurs des droits humains au Cameroun, à l’instar de Cyrille Rolande Béchon, sont déterminés à continuer leur travail malgré les obstacles. La communauté internationale est également appelée à surveiller de près cette situation et à soutenir les efforts visant à protéger les droits humains au Cameroun.
Francia Kone
source: RFI