La Côte d’Ivoire, ayant reçu un deuxième versement de crédits carbone, se positionne comme le premier pays africain et le deuxième au niveau mondial, après le Vietnam, à bénéficier du Fonds carbone du partenariat pour le carbone forestier (FCPF) de la Banque mondiale. (BM).
Après un premier versement de 35 millions de dollars (20 milliards Fcfa) en 2024, récompensant la réduction de 7 millions de tonnes de CO2 sur la période 2020-2021, la Côte d’Ivoire vient de recevoir un second paiement de 15 millions de dollars (8,57 milliards Fcfa) de la Banque mondiale.
Cette annonce a été faite, le mardi 17 juin 2025, par le ministre ivoirien de l’Environnement, du développement durable et de la Transition écologique, Jacques Assahoré Konan, lors d’une conférence de presse sur le paiement de crédits carbones à la Côte d’Ivoire.
« Notre pays vient de recevoir le second paiement de 15 millions de dollars (8 milliards 571 millions 712 900 Fcfa) de la Banque mondiale (BM) dans le cadre du contrat carbone doublé avec le fonds de partenariat pour le carbone forestier de la Banque mondiale », a dit M. Jacques Assahoré.
Ce versement additionnel qui couvre 3 millions de tonnes équivalent CO2 pour la période 2022-2023, complète l’objectif contractuel de 10 millions de tonnes d’équivalent CO2 et porte le montant total mobilisé à 50 millions de dollars, soit près de 30 milliards Fcfa, a-t-il précisé.
De plus, les actions de reboisement d’agroforesterie et de conservation, menées autour du Parc national de Tai ont permis de réduire de 13 millions de tonnes le CO2 sur la même période, générant ainsi 10 millions de tonnes de CO2 excédentaires qui pourront être valorisés sur les marchés internationaux.
Le ministre a rappelé que le marché carbone repose sur le principe séquestration du CO2 et que des institutions comme la Banque mondiale achètent ces crédits pour soutenir la lutte contre le changement climatique.
En Côte d’Ivoire, les communautés locales et les petits exploitants agricoles sont au cœur du dispositif à travers la plantation d’arbres et l’agroforesterie, la surveillance communautaire des forêts et les pratiques agricoles solides .
Leurs efforts, mesurés, audités et certifiés par des évaluateurs indépendants, génèrent les crédits carbones qui ont déclenché ces paiements, a souligné le ministère de l’Environnement, du développement durable et de la Transition écologique.
Cette captation de fonds verts marque une avancée majeure dans la trajectoire climatique et environnementale de la Côte d’Ivoire. Ce succès renforce la crédibilité internationale du pays et ouvre la voie à la création d’un marché carbone national robuste.
Dans le cadre de ce processus, plusieurs bénéficiaires ont déjà reçu leurs parts à travers des transferts mobiles (mobile money) ou virements bancaires conformément à un plan de partage. L’objectif de la première phase est de 30.000 bénéficiaires.
Un second appel à manifestation d’intérêt sera lancé en juillet 2025 pour enregistrer les acteurs ayant contribué aux réductions de CO2 au cours de l’année 2022-2024, a fait savoir M. Assahoré, mentionnant que pour bénéficier de ces paiements il faut disposer d’une pièce d’identité et d’un compte mobile money personnel pour garantir la traçabilité et sécuriser les paiements.
La Côte d’Ivoire s’est engagée depuis 2011 dans la lutte contre les changements climatiques et la gestion durable des ressources forestières en adhérant au mécanisme international REDD+.
Le mécanisme de finance carbone récompense les pays en développement qui réduisent leurs émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation, tout en préservant les écosystèmes forestiers et en soutenant les objectifs de développement durable.
Dans ce cadre, le Projet de Paiement des Réductions d’Émissions autour du Parc national de Taï (PRE) est mis en œuvre en Côte d’Ivoire, visant à valoriser les efforts de réduction des émissions par des pratiques d’agroforesterie, de reboisement et d’amélioration des techniques agricoles.
La Banque mondiale finance ce projet, qui devrait restaurer 300 000 hectares de forêt, en réponse à la perte de 80 % du couvert forestier du pays. Le PRE, actif dans cinq régions, garantit une redistribution équitable des revenus générés par les réductions d’émissions. En mai 2025, un rapport a confirmé des réductions supplémentaires de CO2, permettant à la Côte d’Ivoire de respecter ses engagements avec le Fonds de partenariat pour le carbone forestier.
MH